Divertissement horrible

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Genre : Farce tragique
Répertoire : Pièce pour adulte
Distribution : 16 personnages (3F-4H)
Durée :1H 20
Thèmes abordés : pouvoir et barbarie
Le sujet : une contrée onirique et barbare, lieu de toutes les transgressions où l’on fait commerce de veuves, femmes-vaches…
Bourse du CNL en 2005

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Décor

Intérieur salle de Café
Extérieur Château

Argument

L’histoire terrifiante du viol d’enfants, de femmes par des gens de pouvoir, des magistrats, des procureurs, des maires et « le roi ». Une colère poétique face à notre scandaleuse actualité. Nous sommes en pleine République où les crimes sexuels sont protégés et commandités par les élus du peuple. Le roi est mort, vive le roi. Le café est le lieu où les hommes se rencontrent et se racontent le monde. Le patron du café est un oedipe du XXe siècle ou un Tirésias. Il a eu une enfance brisée par un père incestueux et lui-même a besoin de violer de jeunes personnes, des vierges de préférence pour exulter, jouir terriblement. C’est le chaos, la guerre est au centre. Guerre entre les êtres, destruction de toutes les valeurs humaines. Les femmes se prostituent et sont prostituées par la République. Les hommes violent et pleurent leur mère dans leur costume de proxénète … Ils se consolent de leurs crimes et de leurs lâchetés en tétant du lait !

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Au café « La Cave du Roi »

Scène 1

Premier Homme Désespéré : J’ai eu la guerre, j’ai eu le cancer, j’ai eu la légion d’honneur, j’ai eu l’an 2000, à chaque fois ma femme a fait des escargots.

Deuxième Homme Désespéré : Et cette fois-ci ?

Patron : Des pissenlits… avec la racine, mais elle les bouffe toute seule.

Premier Homme Désespéré : Oui elle en a eu marre, n’a trouvé que cette solution.

Deuxième Homme Désespéré : C’est quand même la troisième en deux jours… dans des circonstances pas très mystérieuses.

Premier Homme Désespéré : S’il te plaît arrête de faire fonctionner ton imaginaire, c’est malsain.

Patron : Les femmes tu sais on n’arrive jamais à les connaître.

Premier Homme Désespéré : La mienne je la connaissais, j’étouffais à ses crochets, trois décennies.

Patron : Faut leur infliger du plaisir aux femmes sinon….

Deuxième Homme Désespéré : Bon, on arrête de parler d’amour sinon je vais encore me mettre à pleurer.
La mort on en parle… mais finalement quand ça t’arrive tu ne sais plus quoi dire, j’ai perdu la mienne sans un mot.

Patron : Tu gueulais « Manman » comme un fou.

Deuxième Homme Désespéré : « Manman » c’est pas un mot c’est un cri.

Premier Homme Désespéré : Qu’est-ce qui leur arrive toutes.

Deuxième Homme Désespéré : Qu’est-ce qu’on va devenir sans elles.

Patron : Tiens v’là la mienne, elle est encore en vie.
Alors quoi de neuf là-haut, ma crotte ?

La Femme : ( habillée en noir, sexy, mortifère) Toujours pareil, un peu crevant mais on est bien payé.

Patron : (il la touche comme s’il la fouillait) Ce costume tout de même, on dirait une Veuve… c’est pas une vie pour moi.

(Elle est rejointe par deux autres femmes habillées comme elle, elles s’en vont sans dire un mot).

Premier Homme Désespéré : Pas très en verve ta Veuve !

Patron : Plaisante pas avec son costume de travail.

Deuxième Homme Désespéré : C’est quoi au juste sa situation ?

Patron : Elle travaille là-haut, au château, très classe, très bonne rémunération.

Premier Homme Désespéré : La mienne y travaillait, elle avait un costume moins voyant.

Deuxième Homme Désespéré : Moi aussi.

Patron : ça dépend du grade.
Je n’ai jamais vraiment su au juste en quoi ça consistait.

Premier Homme Désespéré : Moi non plus.

Deuxième Homme Désespéré : Moi non plus.

Patron : Elles sont tenues au secret d’état… c’est quasiment une profession diplomatique… avec décalage horaire, perturbations intestinales et trous d’air, évacuations alvines fréquentes et surtout de la psychologie, beaucoup de psychologie.
Même moi je suis sensé ne rien voir… de toute façon on a beau voir, on n’en croit toujours pas ses yeux.

Premier Homme Désespéré : Et qu’est-ce que tu as vu ?

Patron : Rien, des voitures, de la grosse bagnole.

Premier Homme Désespéré : C’est tout.

Deuxième Homme Désespéré : C’est décevant.

Patron : T’as pas d’imaginaire, moi rien qu’au bruit du moteur dans la montée… je rêve… y a de la reprise et pas de secousses… les yeux fermés je les reconnais … sans compter les motos…

Deuxième Homme Désespéré : ça fait du monde !

Premier Homme Désespéré : Depuis combien de temps tu n’y vois plus ?

Patron : Pas longtemps, de toute façon je n’ai jamais vu clair. Ça m’arrange.

Premier Homme Désespéré : On saura jamais avec toi. C’est diplomatique aussi tes lunettes noires !

(Entre un beau mec en cuir et yeux bleu acier, le psychopathe beau gosse)

Le Beau Gosse : Un Fernet Branca cheftaine !

Patron : T’as mal au ventre ?

Le Beau Gosse : ça prend sans prévenir… je vois ma mère tailler des pipes à des types qui ne prennent même pas le temps de baisser leur froc, ça dégouline à la commissure des lèvres quand elle a des hoquets, les lèvres à manman, j’ai sept ans, ça fait mal au bide.

Patron : T’en mérite un deuxième.

Le Beau Gosse : Surtout qu’après mon père lui écrabouillait la gueule avec la cuvette des chiottes qu’il venait de desseller. Traumatisme crânien ils ont dit pour cette bouillabaisse. Le traumatisme c’est moi qui me le suis pris…

Premier Homme Désespéré : y en a qui naisse sous une mauvaise étoile.

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